Tiphaine Lours

Doctorante
Histoire des savoirs médicaux, Histoire des sciences, Histoire du corps et du handicap, Histoire sociale du XIXe siècle

FR/EN

Ma thèse propose d’étudier le développement des connaissances médicales et des pratiques opératoires relatives aux greffes de tissus et aux transplantations d’organes en France entre 1820 et 1920. À partir d'un corpus de sources variées (médicales, universitaires, hospitalières, ou encore administratives), elle doit éclairer les modalités de production, d’évaluation et de diffusion des greffes cutanées, osseuses, dentaires, oculaires, thyroïdiennes, ovariennes, testiculaires, graisseuses, tendineuses, cartilagineuses et vasculaires ainsi que des transplantations d'organes entiers. Sous la codirection de Paul-André Rosental, historien des populations et de la santé publique au CHSP, et de Nathalie Sage Pranchère, chargée de recherche au CNRS spécialiste de l'histoire des savoirs médicaux et des professions de santé au XIXe siècle, ce travail entend analyser la formation progressive au XIXe siècle de l’idée moderne de transplantation d’organe, selon laquelle une partie défaillante du corps peut être remplacée par une autre prélevée sur autrui. Par son caractère transversal, la greffe engage alors de nombreuses spécialités médicales, qui, sans identifier le phénomène du rejet immunitaire, entrecroisent autogreffes, allogreffes et xénogreffes jusqu’à interroger la définition des frontières entre l’homme et l’animal. Dans une perspective épistémologique, cette thèse identifiera les espaces d’élaboration de ces nouveaux savoirs scientifiques et les controverses que ces derniers stimulent entre médecins, chirurgiens et physiologistes. S’articulant avec l’histoire des institutions, de la société et du corps, l’histoire de la greffe, par la reconstruction de trajectoires biographiques de malades opérés, met aussi en lumière la question de l’invalidité et du rapport au travail des populations dans l’histoire plus large de la santé publique au XIXe siècle. Enfin, ce travail aura pour horizon la Première Guerre mondiale, puisqu’il reliera l’expérience accumulée sur les greffes au cours du XIXe siècle au traitement des blessures graves causées par le conflit, en identifiant les réemplois de certains savoir-faire, mais aussi les oublis et pertes de connaissances.

Parcours

  • Depuis 2022 : doctorante contractuelle au Centre d’Histoire de Sciences Po.
  • 2019-2022 : Master d'histoire à Sciences Po, Summa Cum Laude. Mémoire : "Itinéraires, pratiques et représentations des greffes de tissus en France de 1820 à 1880. Entre clinique chirurgicale et physiologie expérimentale », sous la direction de Paul-André Rosental (CHSP). Ce mémoire a reçu le soutien du Comité pour l’Histoire de l’INSERM en 2020.
  • 2018-2019 : année d’échange Erasmus, University College Cork (Irlande). Formation en paléopathologie et en archéologie bio-culturelle dans le département d’archéologie de UCC.
  • 2016-2019 : Bicursus histoire – sciences sociales, Sciences Po et Paris IV.

Dernière publication

Lours, T. « The Logic of Xenografts: A Historical Study of Animal Tissue Grafts in Human Patients in 1870s France », Ethics, Medicine and Public Health. 1 juin 2023, vol.28. p. 100899. https://doi.org/10.1016/j.jemep.2023.100899

conférences et colloques

"Histoire de la chirurgie gynécologique des fistules vésico-vaginales : Antoine-Joseph Jobert de Lamballe face à ses patientes dans les années 1830", colloque international Genre & Gynécologie. Savoirs, pratiques & mobilisations, Aubervilliers (Maison des Sciences des l'Homme), 18-20 avril 2023

Prix et distinctions

  • Highly commended 2023/4 Roy Porter Essay Prize
  • Prix de la Société française d'Histoire des hôpitaux 2024
  • Diplômée d'honneur de l'Ecole de la Recherche de Sciences Po
  • Lauréate 2020 du soutien à la recherche du Comité pour l'Histoire de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM)

Direction de Doctorat

Thèse « Histoire des greffes de tissus et des transplantations d’organes en France de 1820 à 1920 », sous la codirection de Paul-André Rosental (CHSP) et de Nathalie Sage Pranchère (laboratoire SPHère, CNRS).

Retour en haut de page